C’est pendant une retraite de Vipassana en décembre 2006 que la nostalgie du voyage en Inde s’est doucement installée… je me revoyais à Dhammagiri, là même où j’avais expérimenté mon premier dix jours de méditation en juillet 1977. Je me disais qu’il serait merveilleux de faire ce voyage avec ma fille, lui faire découvrir l’Inde et peut-être retourner à Dhammagiri et méditer ensemble. Dès mon retour à la maison j’ai proposé à Zoé de m’accompagner , nous ferions ce voyage à l’hiver 2009. Elle serait au cegep et à quelques mois d’avoir 18 ans. Les bénéfices d’une telle expérience surpassaient largement le léger retard qu’elle prendrait dans ses études. J’adhère totalement à l’adage qui dit que les voyages forment la jeunesse… À l’automne 2008, inscrite au Cegep du Vieux Montréal en Sciences Humaine profil Questions Internationales, elle étudie l’Inde dans son cours de Sciences Politiques… c’est un beau hasard, cette session là son professeur avait choisi ce pays comme sujet d’étude. Elle part donc avec une solide connaissance de la plus grande démocratie de la planète, de son histoire, de sa lutte pour l’indépendance, de l’abolition du système de castes. Difficile de trouver une introduction plus à propos pour son aventure indienne. Nous serions donc toutes deux en congé à la session d’hiver 2009. Pour ma part, en tant qu’enseignante en Design de Mode au Cegep Marie Victorin .
Zoé avait accepté d’emblé cette proposition de voyage. Quelle adolescente de 15 ans ne serait pas enchantée par la perspective d’une telle aventure ? Au fur et à mesure que la date du départ approchait, elle devenait de plus en plus inquiète : voyager avec sa mère pendant 3 mois… pas évident. De plus , comme plusieurs, elle avait de nombreuses appréhensions sur le quotidien en Inde , la nourriture, la foule, la chaleur, les transports, le confort rudimentaire … Elle se consolait en pensant à l’arrêt que nous ferions en Crète un endroit visité en 2006 et qu’elle avait adoré. Nous avions conclu que si la portion du voyage en Inde devenait trop pénible nous allions passer l’hiver en Crète ,une alternative tout à fait acceptable. Pour ma part j’avais aussi le trac… partir avec une fille de 17 ans c’est la responsabilité de son bien-être et de sa sécurité. Je n’avais pas voyagé en Inde depuis longtemps et je me demandais si j’allais retrouver mes réflexes de vieille routarde… Après coup ,je suis en mesure de dire que le naturel est revenu au galop ! Je crois que les récits sur ce blog en témoignent.
Dans quelques jours cela fera trois mois que nous sommes de retour. La durée du voyage… la vie a repris son cours et au début on s’étonne de tant de commodités :la douche chaude, l’absence de pannes de courant, le confort d’une voiture, le placard plein de vêtements… dire qu’on a vécu avec si peu pendant tout ce temps. Il y a là une prise de conscience qui nous fait apprécier les petites choses et qui nous renvoie à notre surconsommation . Ce qui frappe également au retour c’est l’absence de couleur et l’espace. Les rues sont vides et les passants sont ternes . Ici, les couleurs sont dictées par la mode et le gris est en vogue cet été… Les Indiennes afectionnent les couleures vives. D’ailleurs, si vous voyez une tache de couleur vibrante et acidulée dans une foule à Montréal il s’agit peut-être d’une Asiatique. Pour ce qui est du terne nous voilà bien servis … A-t-on vu un été aussi moche ? Donc devant ce manque de piquant on se met à faire des plans… Chose certaine, Zoé a la piqûre… elle parle déjà de sa prochaine destination : La Thaïlande avec César . Pour ma part je suis de nouveau inscrite au programe de congé différé. Prochain congé en janvier 2111… en attendant je rêve .